Justice
Leclerc condamné pour publicité mensongère
Le 3 décembre 2021, la Cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation de Leclerc (plus précisément sa centrale d'achats, le GALEC) en première instance. Le distributeur devra vers 30 000 euros de dommages et intérêts à verser à l'Union des groupements de pharmacies d'officine (UDGPO) pour avoir prétendu, à tort, employer des docteurs en pharmacie dans ses corners de parapharmacie.
- Par Valentin Bechu
- PaulCampbell/iStock
C’est la conclusion d’un nouvel épisode de la lutte que se livre les syndicats et Michel-Edouard Leclerc depuis maintenant 40 ans. Vendredi, la Cour d'appel de Paris a confirmé qu’une campagne publicitaire menée par Leclerc était bien trompeuse, validant ainsi la décision du tribunal de commerce de Créteil de décembre 2019.
Une affaire rondement menée
L’affaire remonte à 2017. Le distributeur diffusait alors un spot publicitaire porteur d’une promesse : un docteur en pharmacie pour conseiller le consommateur est présent dans toutes les parapharmacies du groupe.
Sauf que l’enseigne n’aura jamais été en mesure de convaincre les magistrats de la véracité de cette affirmation. Ces derniers se sont alignés sur les conclusions de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDPGO) qui avait elle même menée l’enquête et vérifier si oui, ou non, un docteur en pharmacies se trouvait bien dans chacune des 256 parapharmacies du groupe, et ce sur une plage horaire de 60 heures par semaine. Résultat, ce n’était pas le cas pour 13% d’entre elles.
La communication : nerf de la guerre entre la profession et Leclerc
Ce n’est pas la première campagne de publicité du groupe à être décriée par la profession, loin de là. Régulièrement, le distributeur use de sa force de frappe médiatique pour attaquer le monopole officinal, notamment à travers des spots publicitaires, comme au printemps 2008 où la vidéo dépeignait les médicaments comme un produit de luxe. La procédure judiciaire était allée jusqu’à la Cour de cassation.
Plus récemment, cette pub, diffusée 2016, qui avait donné lieu, elle aussi, à une longue bataille judiciaire entre l’enseigne et L’USPO, ainsi qu’une contre offensive médiatique pour défendre la pharmacie à la française, “un modèle à préserver dans cette période difficile que vit actuellement le médicament”.
Une victoire incomplète
En revanche, Michel-Edouard Leclerc évite le camouflet, du moins au yeux des consommateurs. Car, le Galec ne sera pas obligé de rectifier sa communication et faire amende honorable auprès du public, contrairement à ce qu’avaient obtenu les groupements d'officine en première instance.
13 ans après la première campagne du publicité dénigrant le monopole officinal, et 40 ans après que la centrale d’achats de l’enseigne a contacté pour la première fois les laboratoires afin de faire entrer dans ses rayons des marques dermocosmétiques, c’est la profession qui remporte cette manche après avoir essuyé plusieurs revers judiciaire. De quoi bomber le torse en attendant la suite : Laurent Filoche, président de l’UDPGO, publiait le 5 décembre, sur Linkedin, une photo du chèque émanent de la centrale d’achat accompagné d’un message promettant que “cet argent sera bien employé par l'UDGPO pour la défense de la profession !”